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ANALYSE DU CHEMINEMENT

Au début était mon goût pour le découpage, la mise en scène des éléments dissociés et replacés en situation choisie.

Le déclencheur a été la prescience d’un invisible scientifique par la vue à travers un verre d’optique et sa monture de lunettes puis l’incidence d’un rayon lumineux transformant l’ensemble devenu prisme décomposant la lumière blanche.
Voir d’un œil et ensuite par l’autre. Remarquer que les deux images sont décalées et percevoir la vision 3D.

L’abstraction est devenue le chemin concret de la création par la prise de conscience que, partir du début, permettait de mettre à plat les constituants de la pensée alors qu’un autre chemin figuratif d’expression, partait d’un point ultérieur et limitait l’analyse.

De 1971 à 1974 
Les éléments à la base de l’œuvre étaient là.
La mise en œuvre qui s’apparente au travail de la sculpture, s’est lentement élaborée.
La surface de papier de 10x10cm décortiquée, c’est le passage du plan à la troisième dimension.
L’étude d’un pneu de voiture, le cercle, forme fermée, dessins en bas relief, matière, déplacement, vitesse, ouverture.
Les séquences à travers plusieurs travaux, gravures, séries mises en volume, boîtes et sculptures de différents matériaux dont la lumière, le Rhodoïd, le caoutchouc et le polystyrène, prétextes à l’étude du plan, l’avant de la scène et derrière la surface picturale.

De 1975 à 1981 
Les formes géométriques sont étudiées, le carré, le rectangle, le triangle, la flèche, le losange.
La géométrie dans l’espace est mise en place par la matière, le glissement, la superposition, le voilement de l’œuvre, comme révélateur de la réalité de l’image.
La faculté d’analyse du spectateur peut en reconstituer ses composants originaux.
Une des constantes était de ne rien ajouter ou retirer des surfaces découpées, qu’elles soient de papier, carton, plastique ou tissu.

De 1982 à 1991 
Les découpages assistés de la couleur deviennent actifs, la préoccupation de traiter l’avant plan et l’arrière confirmée.
La souplesse du support devient un élément de l’œuvre et un outil plastique.
Le papier était devenu le seul médium que je pouvais exploiter.
Le livre, l’outil de développement d’une pensée séquentielle à long terme.
La notion de série dont je ne pouvais me détacher se transforme en polyptyques.

De 1992 à 2003
Enrichie par l’expérience des livres, j’ai recherché une écriture libre et fluide par papiers découpés et encres de couleur en diptyques ou polyptyques.

Transposition du même concept à la toile :

Rigidifier une toile tendue par des câbles d’acier.

Cette méthode présente l’avantage de la souplesse que j’avais exploitée lors de l’élaboration
des livres et me permet de découper la toile selon le même concept – Celui de travailler les
trois dimensions, constante de mon travail qui se situe à mi-chemin de la sculpture et de la
peinture.
Le support devient l’outil.
Il est modulable selon le résultat recherché.
L’origine du dessin est matérialiste.
L’auteur devient ainsi l’intermédiaire d’une œuvre s’auto produisant.
La peinture questionne l’origine de la forme et dessiner devient : pourquoi ? et avec quoi.

La toile tendue classique était pour moi un carcan rigide, un écran où l’on ne pouvait que
s’exprimer et  je refusais toute anecdote.

Les composants sont analysés et transgressés, l’imagination plus efficace.

Matérialiser la recherche, humour et antagonisme, du support à l’image, de l’objet à l’œuvre.

De 2004 à nos jours :
Le faisceau de contraintes jalonnant mon parcours m’a donné la féroce envie de les transgresser.
J’ai cherché à m’en libérer par de nouvelles techniques me permettant une expression fluide.
L’image est profonde, le dessin, suspendu par un réseau de fils.
La logique est déterminée par l’œuvre s’auto produisant où le jeu consiste à courir de la couleur à la forme.
 
L’expression combinée au savoir faire, devient un outil permanent d’innovation.
Je peux revenir aux toiles déjà préparées et m’autorise le hasard dont l’anecdote n’est plus exclue.
Le corps entier dessine dans l’espace, c’est le temps de la quatrième dimension.

La série, fonctionnement antérieur, était une manière de différer la rencontre avec l’essentiel qui est cette période actuelle de totale liberté.